Au Cameroun, les seules « apparitions » du président semblent suffire pour faire des heureux. « Paul Biya est vivant! » jubilent-ils.

Le Cameroun fait partie des pays africains les plus touchés par la pandémie du Covid19. D’après les chiffres de l’OMS, le pays occuperait avec 15.173 cas déclarés et 359 décès le 5ème rang du classement africain, après l’Afrique du Sud, le Nigéria, le Ghana et l’Algérie. Mais depuis le début de cette crise le président camerounais est complètement absent sur le terrain.

L’annonce de sa mort par des activistes; mais surtout la démarche de Maurice Kamto, la principale figure de l’opposition et de la contestation dans le pays, consistant à déclencher le processus du constat de la vacance de la présidence, ont mis, pour ainsi dire, sur la table du débat public la question de l’absence de Paul Biya. « Où est Paul Biya ? » se pose désormais l’opinion comme question. Et plus le temps passe, plus cette question gagne en pertinence.

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Mais il faut dire que l’opinion camerounaise est divisée sur les enjeux de cette même question. Si cette absence complète du président de la scène politique semble bien mettre tout le monde mal à l’aise, tout le monde n’en tire pas forcément les mêmes conclusions. Ainsi, la vacance du pouvoir présidentiel serait actée pour les uns, pour les autres, le président de la République serait bien en vie, et surtout apte à diriger le pays.

Mais il n’est pas si évident que ça de cerner les partisans de ces deux camps. Car dans l’un comme dans l’autre l’on retrouve des adversaires tout comme des soutiens du Régime. Ainsi, dans le camp pour qui le président camerounais serait toujours en vie, il existe en effet une faction qui ne remet point en question son incapacité à diriger le Cameroun; ceci indépendamment de ses absences ou de sa présence dans la vie publique camerounaise.

Malgré cette nuance, ce camp se rassemble autour de la contestation des positions du camp adverse, à savoir celui-là même qui ne se limite pas seulement à relever l’incapacité de Paul Biya à diriger le Cameroun, mais qui insiste sur la nécessité pour le pays de procéder au constat de la vacance du pouvoir présidentiel et de démocratiser au plus vite les institutions camerounaises.

Lisez mes tweets pour comprendre la racine de notre mal, écoutez @KamtoOfficiel, tout le reste c’est de la distraction. Il faut en finir avec ce mythe qui fait d’un président de la République un homme-dieu alors qu’il n’est pas Dieu. #Biya est incapable de diriger le #Cameroun.

— Christian Penda Ekoka (@EkokaPenda) May 20, 2020

Mais le président camerounais réapparait tout de même temps à autre, très souvent en compagnie de l’ambassadeur de France au Cameroun. Et c’est ainsi que les camerounais, ceux du camp convaincu du fait qu’il est bien vivant, ne se privent pas du plaisir de narguer le camp adverse et d’exulter de joie face à la « réapparition » de leur président, « l’homme-dieu qui n’est pas Dieu ».