Les camerounais sont décidés à faire quitter du pouvoir celui qu’ils considèrent comme le principal responsable de leurs souffrances. Le pouvoir de Paul Biya et sa nature dictatoriale semblent ne plus faire peur à personne.
Affaibli, sa légitimité publiquement contestée, le président camerounais pourrait passer sa dernière année à la tête de l’État camerounais. Des temps difficiles s’annoncent pour lui et pour son Régime.
Dictature à huis clos
L’on s’est longtemps posé la question de savoir si Paul Biya (87 ans), président du Cameroun depuis le 06 novembre 1982, est un dictateur. Et répondre à cette question ne fut jamais évident.
Seuls quelques camerounais connaissant l’homme de prêt, ayant du reste subi toutes les foudres de son appareil répressif, étaient bien instruits du danger, de la nature dictatoriale et de toute la perversion morale que représente le pouvoir de Paul Biya.
Pendant longtemps, il a su cacher aux yeux du monde le véritable visage de son Régime. En substance, son Régime avait toujours reposé sur trois piliers, à savoir : les prébendes (la corruption), l’ethnicisme (la division), la répression (tortures, meurtres extrajudiciaires…etc.) et la diplomatie de lobbying auprès des pays puissants.
Concernant ce dernier pilier, le pilier du lobbying international, le journal américain Foreign Policy affirme que l’État du Cameroun aurait dépensé, entre 2017 et 2020, au moins 940.027 dollars américains pour des actions de lobbying aux États-Unis.
Les masques qui tombent
Dans des intervalles d’environ 10 ans de durée, le Régime Biya a toujours su rappeler aux camerounais où se trouve leur place « naturelle » par rapport à lui.
Il l’a fait en 1991 en réprimant des manifestants à Bamenda; il l’a encore fait dans les années 2000/2001 avec le Commandement dit opérationnel, lequel effectua dans des villes camerounaises plusieurs exécutions extrajudiciaires.
Il a opéré de façon similaire en 2008, voulant absolument changer la Constitution aux fins de se maintenir au pouvoir. Plusieurs jeunes furent tués; d’autres demeurent introuvables jusqu’à ce jour
Mais avec le temps, la donne change désormais pour Paul Biya. Les partenaires du Cameroun s’aperçoivent qu’au lieu d’être un garant de la stabilité, le président camerounais constitue par sa démarche un risque incalculable pour la sécurité dans la sous-région. Aussi, le quatrième pilier du Régime évoqué plus haut, commence-t-il à prendre des fissures.
Selon l’ONG Prodémocratie Vanguard Africa, plusieurs cabinets de lobbying ayant travaillé par le passé avec Paul Biya, refuseraient désormais de polir l’image de son Régime auprès de l’Administration Américaine.
« Ce qui est inhabituel, cependant, c’est le nombre croissant d’entreprises qui ne veulent pas ou ne peuvent pas continuer à travailler en son nom. » peut-ton lire dans un article écrit par Jeffrey Smith, le Directeur de ladite ONG.
Ce pilier, le lobbying international, est cependant essentiel pour la survie du Régime, car sans lui les autres ne sont d’aucune utilité. Mais puisqu’il prend apparemment des fissures, c’est le Régime tout entier qui, avec lui, prend des fissures, c’est le camerounais Biya qui est affaibli.
Aujourd’hui, le monde commence à voir en lui ce qu’il a pourtant toujours été, à savoir un simple dictateur au sens post-colonial du terme.
Les camerounais qui se réveillent
Cet affaiblissement du dictateur camerounais n’est pas passé inaperçu. Des camerounais avertis tels le leader prodémocratie, Maurice Kamto (MRC), ont toute suite su saisir cette occasion pour « achever le travail des pères de l’indépendance », comme le dit un jour l’un des cadres du MRC, Alain Fogue.
Conscient de l’orientation prodémocratique de la diplomatie des États-Unis en Afrique, des doutes grandissants de plusieurs autres partenaires importants du Cameroun, le MRC (Mouvement pour le Renaissance du Cameroun) a su utiliser ces opportunités pour affaiblir d’avantage le Régime de l’intérieur en dévoilant toute sa laideur aux yeux des camerounais.
C’est contre un Régime littéralement apeuré et contre un Paul Biya considérablement affaibli, que les camerounais recherchent désormais la confrontation politique. Le Régime, par la voix du Ministre de l’intérieur Paul Atanga Nji, a annoncé réprimer toute velléité de contestation.
Le Régime en est, en effet, capable, et peut entièrement compter sur l’État profond et l’appareil sécuritaire (justice, renseignements, administration, forces spéciales).
Ce dont Paul Biya n’est cependant plus certain du tout c’est de savoir si l’effet nocif pour son pouvoir, qu’auront certainement de nouvelles repressions, pourra être efficacement atténué par les efforts de ses amis à l’étranger ou non.
À l’intérieur, Paul Biya a par ailleurs un adversaire à la hauteur de la situation. Aucun opposant à son Régime ne l’aura défié aussi ouvertement et aussi frontalement. Maurice Kamto a pu fédérer autour de lui plusieurs camerounais, et une grande partie des acteurs du changement.
Les mouvements de contestations qui s’annoncent au Cameroun ont le potentiel de mettre fin au Régime de Paul Biya, à la tête de l’État du Cameroun depuis 38 ans.
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