OPINION : Pendant la crise sanitaire, le Président français fait ce qu’il sait faire le mieux : il communique, trouve les mots qu’il faut, mais surtout les grands gestes qu’il faut, la mine qu’il faut. Et malgré tout, la situation ne s’améliore pas de façon significative dans le pays.

Ce ne sont ni les mots, ni les formats médiatiques pour les dire, qui ont manqué en France depuis le début de la pandémie. Ce qui fait problème c’est le manque ou le peu d’actions qui suivent les annonces du Président.

Grandes « mises en scènes » – L’exemple de la rencontre avec les étudiants

Lassés et précarisés par les mesures [certainement nécessaires] de confinement, les étudiants français avaient exprimé leur désarroi en fin janvier. Plusieurs étaient descendus dans la rue pour faire entendre leur voix.

En réponse à ces manifestations, Emmanuel Macron avait décidé d’aller à la rencontre des étudiants. Mais au lieu d’une rencontre en aparté avec les meneurs, le format choisi fut la retransmission en direct, notamment sur la page Twitter du Président.

Aux étudiants, je veux vous l’assurer : vous n’êtes pas oubliés. Sur le campus de l’université Paris-Saclay, échangeons ensemble.https://t.co/odmRUItyql

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 21, 2021

Cette marque d’honneur fut saluée par l’opinion. Et après avoir manifesté une telle attention aux préoccupations des étudiants, l’on pouvait s’attendre avec raison à une mesure dont la portée serait proportionnelle au format et au style solennels de communication choisis par le Président.

Maigres résultats

Mais que non. Le même jour après cette rencontre à l’université Paris-Saclay, Emmanuel Macron annonça les mesures de secours pour remédier à la précarité étudiante. « Deux repas par jour à 1€. C’est ce que les Crous proposeront désormais à tous les étudiants qui en auront besoin. Qu’ils soient boursiers ou non. », annoncera-t-il sur Twitter.

Il est clair que cette mesure ne répondait aucunement aux principaux problèmes posés par les étudiants, à savoir : la réouverture des universités, la question des loyers et autres mesures d’accompagnement.

Mais ni la situation sanitaire dangereuse en France, ni les caisses de l’État ne permettaient probablement pas à Emmanuel Macron de faire plus que ça.

L’on peut en effet comprendre qu’Emmanuel Macron eut du mal à dire aux étudiants qu’il ne pouvait pas faire plus ; que les caisses de l’État ne se portent pas bien ; et que le pays a depuis plusieurs années de graves difficultés économiques.

Mais il aurait pu leur dire que la France était loin d’avoir surmonté la crise sanitaire ; que le virus représentait toujours un défi important pour le système de santé ; et que son gouvernement ne pouvait notamment pas autoriser la réouverture systématique des universités.

Au lieu donc de dire les choses ainsi de manière sobre et directe, le Président français semble avoir fait le choix de la simple communication politique sans grand contenu.

Sa gestion de la crise ne convainc pas

Selon un nouveau sondage d’Odoxa-Backbone Consulting, six Français sur dix n’ont pas confiance en l’action du gouvernement face à la pandémie du Covid-19.

À la question de savoir s’ils pensent que leur Président leur dit la vérité, 73% des Français interrogés disent non. Seulement 21% pensent qu’il est clair. 75% trouvent qu’il ne rassure pas.

La France classée 73ème sur 98 nations

Une nouvelle étude de chercheurs australiens compare par ordre de priorité la performance moyenne des pays en matière de gestion de la pandémie du COVID-19 au cours des 36 semaines.

98 pays au total ont été évalués suivant les données disponibles pour les six critères utilisés, parmi lesquels les cas confirmés de nouveau coronavirus, les décès et les dispositifs de dépistage.

La France n’arrive que 73ème sur les 98 nations observées. Elle se classe loin dernière le Rwanda (6ème), le Sri Lanka (10ème), le Togo (15ème) et le Mozambique (26ème).

Cet état de fait démontre une chose : en temps de crise, on ne dirige pas un pays de plus 60 millions d’habitants par la rhétorique. Dans ce genre de situation, elle ne sert plus à grande chose.

En tout état de cause, la rhétorique ne met aucun Homme d’État à l’abris de la prise de mauvaises décisions. Emmanuel Macron n’est manifestement pas à la hauteur de ses discours. Et ce n’est pas la première fois. MN