En Autriche, querelle autour de la question migratoire

Autriche expulsionLe chancelier autrichien Sebastian Kurz lors de sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine - Image : Service de presse du Président de la Russie, Kremlin.ru, CC BY 4.0

C’est la deuxième fois en l’espace de quelques mois que la question migratoire divise les partis politiques de la coalition au pouvoir en Autriche.

La querelle s’est enflammée jeudi dernier avec l’expulsion de Tina, une jeune fille de 12 ans, de sa mère, de sa sœur et d’une autre famille.

Une centaine d’officiers de police avaient défilé tôt le matin avec des chiens pour imposer l’expulsion des familles contre une farouche opposition des camarades de classe de Tina, des journalistes et des partis d’opposition de gauche.

L’Affaire Tina

Le ministre de l’Intérieur Karl Nehammer du Parti conservateur (ÖVP) a fait le choix de mettre juridiquement fin à une affaire qui aura duré 15 ans. Au cours de ces dernières années, la famille de Tina a eu à déposer sept demandes d’asile. Toutes ont été rejetées, en dernier ressort par le tribunal administratif en 2019.

Mais Tina, elle est née en Autriche, elle parle parfaitement l’allemand à la belle manière autrichienne; elle est par ailleurs élève dans un des lycées les plus renommés de Vienne, la capitale.

L’obligation à présent de poursuivre dans son «pays d’origine» sa formation scolaire dans une langue qu’elle ne maîtrise qu’oralement, fait de Tina l’incarnation même des contradictions tragiques de toutes ces biographies issues de l’immigration clandestine. Ses camarades de classe se sont mobilisés pour s’opposer à son expulsion.

La querrelle

En Autriche, la coalition au pouvoir est composée de deux partis politiques avec des idéologies fondamentalement opposées : Les Verts Libéraux de la grande famille des partis de gauche d’un côté ; et de l’autre, le parti populaire autrichien (Österreichische Volkspartei, ÖVP) appartenant à la droite.

Des membres influents du parti des Verts Libéraux ont reproché au ministre de l’intérieur Nehammer (ÖVP) de vouloir, par cette action musclée, distraire l’opinion et de détourner son attention des difficultés au sein de son ministère.

Karl Nehammer, ministre de l’intérieur – Image : European People’s Party, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons

Nehammer, quant à lui, soutient qu’il n’aurait fait que mis en exécution une décision de justice. En revanche, ses détracteurs soulignent la marge de manœuvre qu’aurait offerte le droit humanitaire dans la situation de la jeune Tina et de sa famille. Mais en même temps, le droit européen en vigueur oblige les États membres à renvoyer chez eux les personnes en situation irrégulière.

La sortie du Président Fédéral

Le Président Fédéral autrichien, Alexander Van der Bellen, s’est lui aussi prononcé sur cette affaire dans un message vidéo : « Je ne peux pas et ne veux pas croire que nous vivons dans un pays où cela est vraiment nécessaire sous cette forme», a-t-il déclaré, appelant à la raison et à l’humanisme dans l’action des organes de l’État. Des responsables politiques du parti conservateur ÖVP ont, pour eux, interprété les paroles du Président Fédéral comme du mépris envers l’État de droit.

En Autriche comme en Allemagne, le Président Fédéral est le Chef de l’État. Toutefois, il n’a pas de pouvoir formel dans la gestion concrète du pouvoir exécutif qui est en totalité du ressort du Chancelier ou de la Chancelière Fédéral(e).  

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La rédaction

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