Au Cameroun, plusieurs membres de l’opposition ont été mis aux arrêts ces derniers mois. L’ONG Human Rights Watch parle de répression et accuse les autorités camerounaises d’installer un climat de terreur dans le pays.
Dans son rapport du 19 octobre sur la situation des droits de l’Homme au Cameroun, l’ONG Human Rights Watch revient sur les marches organisées par l’opposition le 22 septembre 2020.
Le leader prodémocratie, Maurice Kamto, avait appelé les camerounais à manifester pacifiquement pour exiger du gouvernement l’arrêt du conflit armé dans l’ouest anglophone du pays, ainsi que la « réforme consensuelle et effective » du système électoral.
Des centaines de personnes arrêtées
Les manifestations furent violemment réprimées par les forces de sécurité. Plusieurs membres du parti MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun), et autres personnes ayant pris part aux marches, furent mis aux arrêts.
« Les forces de sécurité camerounaises ont lancé des gaz lacrymogènes et tiré des canons à eau; elles ont arrêté des centaines de personnes, principalement des membres et des partisans des partis d’opposition, pour disperser des manifestations pacifiques à travers le pays le 22 septembre 2020. De nombreux manifestants pacifiques ont été battus et maltraités lors de leur arrestation et de leur détention. », peut-on lire dans ledit rapport.
L’ONG appelle les partenaires du Cameroun à « faire pression sur le gouvernement camerounais. L’on devrait amener ce dernier, exige-t-elle, à demander des comptes aux responsables directs et indirects des « violations des droits de réunion, de liberté et de protection contre les traitements inhumains et dégradants. »
Communiquant sur ces événement, le MRC avait fait un bilan de plus de 500 personnes arrêtées le 22 septembre. Les avocats du parti affirment que 21 personnes auraient été traduites devant un tribunal civil pour divers chefs d’accusation, notamment ceux de « rébellion » et de « participation à une manifestation illégale ».
107 autres auraient été traduits devant un tribunal militaire pour divers chefs d’accusation, dont le terrorisme et l’insurrection. 63 seraient toujours détenus sans inculpation, tandis que la situation de bien d’autres encore en détention ne serait pas claire.
Les mesures répressives se poursuivent
Depuis ces événements, une vague de mesures répressives continu à s’abattre sur l’opposition. Dans un communiqué rendu public le 22 novembre, Maurice Kamto, lui-même assigné à résidence depuis plus de 60 jours, informe l’opinion publique de l’arrestation de plusieurs cadres de son parti dont la présidente des Femmes, Me Awasum Mispa Fri. Cette dernière fut arrêtée par des éléments des forces de l’ordre obéissant aux ordres de Paul Biya, l’actuel président au pouvoir depuis 38 ans.
Le juge d’instruction du tribunal militaire a ordonné la mise en détention provisoire de Me Awasum Mispa Fri le 23 novembre pour les motifs curieux de « complicité de révolution et rébellion ».
« Les organes africains et régionaux ne devraient pas garder le silence face à l’escalade de la répression [au Cameroun ndlr] » déclare Ilaria Allegrozzi, Chercheuse principale pour l’Afrique à Human Rights Watch. Ces organes devraient « obliger les autorités camerounaises à respecter leurs engagements en matière de droits humains, notamment en appelant à l’inculpation immédiate ou à la libération de tous les manifestants et opposants politiques arrêtés. » ajoute-t-elle.
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