Dans un communiqué rendu publique le mercredi 5 août, un groupe de leaders religieux apporte son soutien au plan dit de reconstruction des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, proposé par le gouvernement du Cameroun. Une sortie qui survient quelques jours après que les États-Unis ont émis des réserves par rapport à la réussite dudit plan.
La déclaration des religieux
Réunis ce mercredi 5 août à Douala, des leaders religieux, à savoir : Christian Tumi (Évêque catholique à la retraite), Michael Miabesue Bibi (Évêque catholique à Buéa), Andrew Fuanya Nkea (Évêque catholique à Bamenda), Fonki Samuel Forba (Pasteur de Église Prébytérienne), Godwill Ncham Chlatoh (Pasteur de l’Église Baptiste), Mbiwan Enonchong Daniel (Pasteur de la mission dite du Gospel), Tukur Mohammed Adamu (Imam à Bamenda), Mallam Mohammed Aboubaka (Imam à Buéa), Dibo Elango (Évêque anglican), ont apporté leur soutien au plan dit de reconstruction des Régions d’expression anglaise, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
En substance, ils font valoir que ledit plan de reconstruction préconisé par le gouvernement camerounais renforcerait la cohésion sociale et revitaliserait l’économie locale. « Les chefs religieux approuvent et soutiennent fermement la mise en œuvre du programme de relance [UNDP], car il se concentre […] sur le renforcement de la cohésion sociale, la revitalisation de l’économie locale et l’accès aux services de base. », peut-on lire dans la déclaration.
À cet égard, ils appellent « les habitants des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest à coopérer et à faciliter la mise en œuvre du programme. » Ils exhortent par ailleurs les amis et donateurs à contribuer financièrement à la réussite de ce programme.
Le contexte de la déclaration
Cette déclaration est plus qu’opportune pour le gouvernement camerounais. Car elle advient quelques jours après que l’Administration américaine a publiquement émis des réserves relativement à opportunité et la pertinence de ce programme de reconstruction des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Devant le Congrès américain, le Chef de la diplomatie des États-Unis en Afrique, Tibor Nagy, avait sévèrement mis l’État du Cameroun en cause. En répondant à une question posée par un membre du Congrès, il mit en évidence que la question anglophone au Cameroun serait éminemment liée au désir des populations de s’autogérer, d’avoir une marge de manœuvre suffisante pour résoudre elles-mêmes les problèmes de leur localité. Il dit en effet :
« Tout ce qui se rapporte au Cameroun doit être superposé par le problème du conflit [anglophone]. Par exemple, le gouvernement camerounais parle d’un nouveau programme de développement pour le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Malheureusement, il n’y a aucun moyen d’implémenter cela. Et le gouvernement camerounais semble oublier que le désir numéro 1 des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest est d’avoir leur mot à dire sur leurs propres affaires. C’est une chose de parler de développement, mais le cœur du [du problème], et leur désir clé est d’avoir le contrôle sur leur propre vie. Tant que le gouvernement camerounais ne comprend cela, tous ces plans ne réussiront pas. »
À cette sortie de Tibor Nagy, est venue s’ajouter la demande du Barreau Américain au Gouvernement de sanctionner l’État du Cameroun pour des faits présumés de violations contre les droits de l’Homme. C’est donc à un gouvernement camerounais sous forte pression internationale que les neuf religieux cités apportent leur soutien. Mais vient-il à bon escient? Pourra-t-il résoudre le problème anglophone? Règne-t-il encore un climat de confiance entre les parties? Les choses piétinent, et le nombre de morts des deux côtés s’accroit chaque jour qui passe.
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